Irène Frain
Irène Frain, née Le Pohon à Lorient (Morbihan) le 22 mai 1950, est une femme de lettres française d'origine bretonne, romancière et historienne parmi les plus lues du grand public. Elle est membre fondateur du Women's Forum for the Economy and Society.Née à Lorient, façonnée par la culture de sa terre d’origine, la Bretagne, dans une famille encore très proche du milieu rural et de son dénuement. Irène Frain s’est d’abord signalée par un ouvrage historique sur l’âge d’or de la Bretagne maritime, « Quand les Bretons peuplaient les mers » (1979).Elle consacre son premier roman à René Madec, petit mousse breton siècle devenu nabab en Inde. Cette fresque épique de l’Inde du XVIIIe siècle , « Le Nabab » (1982) connaît un succès foudroyant et les romans suivants consacrent le talent d’Irène Frain : sens aigu de l’intrigue, écriture tantôt sèche tantôt flamboyante, don de faire vivre le lecteur en empathie avec ses personnages, humour certain, et surtout imagination foisonnante.De roman en roman — « Modern Style » (1984), « Désirs » (1986), « Secret de famille » (1989), « Histoire de Lou » (1990), « Devi » (1992), « L’homme fatal » (1995), « Les hommes, etc. » (2003), « Au Royaume des Femmes » (2007) — l’intérêt des lecteurs pour ses écrits et l’originalité de sa personne ne s’est jamais démentie.On note dans l’œuvre d’Irène Frain deux courants profonds : une passion pour les enjeux inhérents à la condition féminine et une prédilection accusée pour l’Orient — les deux se recoupant souvent.Grande voyageuse, la romancière attribue son goût de l’Asie à sa naissance à Lorient, ancien port de la Compagnie des Indes, autrefois orthographié « L’Orient ».Plusieurs de ses récits de voyage illustrent brillamment cette prédilection : « Quai des Indes » (1992) après son enquête sur la célèbre femme-bandit indienne Phoolan Devi, « La vallée des hommes perdus » (1995), en collaboration avec le dessinateur de BD André Juillard, « Pour que refleurisse le monde » (2002) avec Jetsun Pema, sœur du Dalaï-lama, et, après son voyage en Chine et au Tibet sur les traces du célèbre explorateur américain Joseph Rock, « A la recherche du Royaume » (2007) avec des photos de François Frain.Sa passion de l’enquête peut aussi se manifester dans l’exploration du temps historique, quand elle s’attelle par exemple à des ouvrages comme : « La Guirlande de Julie » (1991) sur la naissance du langage des fleurs et de la civilité amoureuse en France, « L’Inimitable » (1998) biographie historique de Cléopâtre ou « Gandhi, la liberté en marche » (2007).Admiratrice de Julien Gracq, Irène Frain lui a consacré en 2001 un court essai: « Julien Gracq et la Bretagne ».On note aussi son intérêt pour l’art de vivre : Le bonheur de faire l’amour dans sa cuisine et vice-versa » (2004) et, dès le début de son parcours, un goût affirmé pour les contes : « Contes du Cheval bleu les jours de grand vent » (1980) « La Fée Chocolat » (1995) « Le Roi des Chats » (1996).Irène Frain a relaté une partie de son enfance bretonne dans « La côte d’amour » (2001) et, de façon beaucoup plus ample dans « La maison de la source » (2000). Au-delà du propos strictement autobiographique, ce dernier texte permet de saisir la formation de l’imaginaire de la future romancière dans un environnement marqué par le dénuement matériel et une culture fortement narrative et poétique.Le dernier ouvrage d’Irène Frain, "Les Naufragés de l’Ile Tromelin" ( Editions Michel Lafon, 2009 ) a été salué dès sa publication par Françoise Vergès, présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage dans une déclaration officielle: « Lisez ce livre et songez à ces femmes et ces hommes arrachés à leur terre natale, capturés pour être vendus, jetés dans une cale sombre, et abandonnés quinze ans après un naufrage sur un îlot désolé de l'Océan Indien. Irène Frain fait parler le silence des archives et nous restitue leur présence dans un récit où elle prend le parti d'une humanité partagée. Le crime de la traite, le crime de l'esclavage en sont d'autant plus effrayants. On referme l'ouvrage hanté par le ressac de ce silence. » La force de cet ouvrage, outre sa très haute tenue littéraire, c’est le souffle de son écriture et la façon très humaine dont elle restitue l’épopée des rescapés de L’Utile. Forte de son voyage sur place, d’une longue expérience du travail sur les archives ainsi que d’une étude très serrée du corpus documentaire, elle apporte, sans jamais nuire à la grâce de son récit, de nouveaux éclairages sur l’affaire de L’Utile, le déroulement du naufrage, le passé de ses protagonistes et leur comportement lors de la catastrophe puis durant leur séjour à Tromelin. Elle y ressuscite aussi l’aventure que représenta, malgré la censure, l’édition du récit du naufrage ( sans doute vers 1763 ) et elle en relate les répercussions sur l’élite éclairée de la France pré-révolutionnaire jusqu’en 1794, date à laquelle la République française abolit pour la première fois l’esclavage dans ses colonies, ouvrant ainsi la voie à la conquête des droits civiques par les esclaves et leurs descendants.